Vendredi 27 juillet 2007 à 19:45


Enfance

Et dans une brume étrange, presque matinale, dans une brume qui aurait pu être faite de drogues et cigarettes, Hugues l'errant vit Enfance.

Sam le chien tirait la langue, observant autour de lui tous ces enfants qui venaient le caresser et lui tendre des petits gâteaux en riant. Le musicien fit un grand sourire en emboîtant le pas d'Hugues, désignant du doigt les multiples bâtiments de la cité.

Il y avait partout des toboggans immenses, des balançoires et des petits bassins similaires aux piscines pour enfants de l'âge nucléaire. Des bâtiments dessinaient d'étranges architectures de bonbons bicolores, rien n'était gris, même les pavés formaient un ensemble de carrés parfaits dont les couleurs différaient. Un véritable monde de l'inconscience et de la drogue destructrice qui alimentaient les visions des citoyens locaux. De nombreux adultes étaient les montures provisoires de certains enfants, d'autres encore courraient  après leur femme dans les rues ou se chamaillaient pour un instrument de musique ou un livre de contes. Au loin, l'on pouvait entendre le bruit étouffé d'un millier de pianos résonnant dans un bâtiment en forme de fleurs. Des fleurs arrachées et des insectes enfermés dans des cages de verres trônaient devant la plupart des maisons d'Enfance, l'endroit sentait parfois la pourriture, parfois la vanille ou la pomme verte. Mais ce qui frappa le plus Hugues c'était ces jeunes gens armés jusqu'aux dents qui se promenaient en petit groupe et qui jetaient des vases derrière eux de manière à les briser. Beaucoup d'adultes semblaient s'écarter d'eux et, certains enfants venaient s'agripper à leur jambe en suçant leur pouce. Parfois un jeune homme sortait du rang et se dirigeait vers l'adulte que désignait l'enfant, celui-ci se mettait à genoux et se laissait trancher la gorge comme un porc, et une dizaine d'enfants venait piétiner son corps.

« Qu'est-ce donc que ce spectacle ? » déclara Hugues, décontenancé.

« Ce sont les brigades adolescentes, ils veillent au bien être de chaque enfant et au respect de l'ordre et de la législation de notre cité. Ils s'expriment ainsi dans leur phase de transition aussi bien pour les filles que les garçons avant de devenir de malheureux adultes.

Lorsqu'un adulte décède, nous l'emmenons ensuite vers un bûcher, on le brûle alors afin que son souvenir puisse disparaître, car la mort doit être un événement court et rapide. Le deuil ne saurait avoir sa place ici.

-Je comprends, répondit Hugues, qui fit transparaître un froncement de sourcils intense avant d'observer d'un sombre regard l'ensemble de l'épouvantable parc d'attraction qui venait de s'ouvrir à lui.

Ils empreintèrent de nombreuses routes tortueuses vers le sommet de la cité d'importants bâtiments semblaient réunis. Dans chacune des ruelles, des enfants s'arrêtaient de jouer, de crier ou de se disputer pour observer l'étranger en armure et son cheval qui paraissait immense à leurs yeux . Ils arrivèrent enfin au sommet d'Enfance et le musicien s'arrêta un instant pour aller discuter avec une jeune fille habillée de pourpre. Sur chacun des édifices, une fresque de marbre montrait des centaines de chérubins armés de diverses armes médiévales se livrant à une guerre hypothétique ou passée. Le musicien sortit Hugues de son dégoût contemplatif, lui désignant du doigt un bâtiment de forme circulaire que surplombait un grand dôme.

« Voici le siège du gouvernement, c'est là qui siègent les rares élus bénéficiant de l'éternelle enfance »

En vérité les adultes élus formaient une kyrielle d'individus atteints d'autonepiophilie, du syndrome de Peter-Pan, d'infantilisme aggravé voir même de pédophilie (dans une définition technique de l'âge nucléaire). Tout ce petit monde dirigeait à la baguette la cité et décidait de la création des lois ou de la justice. Les brigades adolescentes avaient néanmoins le pouvoir de voter chacune des décisions législatives afin de créer un relatif rempart aux envies burlesques de leurs supérieurs. Aux explications du musicien, Hugues se demanda alors qui avait véritablement le pouvoir dans la cité : était-ce les enfants pour qui l'on devait tout faire, le gouvernement de ces étranges adultes ou les chefs des brigades adolescentes ?

C'est après cette question intérieure qui demeura sans réponse qu'Hugues l'Errant entra dans le bâtiment afin que son guide puisse le présenter.

Jeudi 26 juillet 2007 à 13:15


Le chant

 

Des années ont passé, Hugues du Puy est devenu immense, une masse de muscles atroces, pleins de cicatrices. Cicatrices sur le corps, dans la tête, sur le cœur, son vieux chien est amaigri et hirsute, il bave en regardant le vide de ses yeux noirs tandis que le cheval blanc continue d'avancer, taché. Il a parcouru de nombreuses forêts, est resté longtemps dans cette grotte sombre … L'enfant, il s'en souvient, éventré gisant dans une mare écarlate sur le sol, les cheveux de sa femme entre ses mains, et ce misérable petit inconscient ignorait que ces cheveux n'étaient autre que ceux de sa propre mère. L'odeur de ses tripes, sa bouche sèche qui ne respirait plus, la boue et ces traces de bottes qui l'avaient piétiné, ses pauvres vêtements déchirés. L'odeur, la profondeur de l'entaille d'une hache, pas de jouissance, pas de regrets, une vengeance et un divorce, un exil forcé. Elle l'avait transformé en une bête envahie par la végétation, une pourriture aux cheveux gras et à l'armure rouillée, un être simiesque, une monstruosité sans nom. Des milliers d'arbres tordus, des antiques immeubles emplis d'antiques squelettes, des rats, beaucoup de rats, des cafards, des cloportes, et quelques oiseaux pigeons ou merles avec parfois un aigle perdu, un être errant qui tente encore dans un vain espoir d'être le prédateur des hordes de rats pullulant sur la planète. Un anathème avait été prononcé sur ce monde, est-ce qu'il le méritait ? Non aussi bien qu'il ne méritait en aucun cas le bonheur et la beauté, la joie et l'innocence.

« Mon amour, je reviendrai, mon bouclier est brisé mais… »

Le vieux Sam se mit à aboyer, quelque chose faisait du bruit, celui-ci divergeait et semblait s'accorder en une mélodie, c'était quelque chose de beau et d'antique, cette voix, cette chose,  de la musique cela lui rappelait sa femme la Cité Il lui manquait la musique, les véritables instruments, mais le monde était trop occupé à survivre pour pleurer ou rire des chansons de l'âge des centrales nucléaires.

Hugues s'avança vers l'endroit d'où provenait la délicieuse mélopée. Il vit un jeune homme chétif tenant entre ses mains un objet étrange d'où sortaient ces sons si particuliers. Le musicien s'arrêta net à la vue de l'étrange individu à cheval. Ses yeux dessinèrent l'image d'une peur enfantine gardée au plus profond de lui-même: celle du monstre dans le placard ou sous le lit. Il dut boire de l'air avant d'esquisser un sourire gêné à son admirateur.

« Ta voix me rappelle celle de ma femme…

_ Votre femme, dites-vous monseigneur ? Je suis flatté de ce lien féminin, il prouve la grâce et la douceur de mon timbre.

 

-J'ignorais que des hommes dans ce monde conservaient leur voix d'enfant. »

Le musicien esquissa alors un sourire amusé, il se sentait fort face au rustre à cheval qui l'interpellait, fort de sentiments puissants et d'une culture supérieure, fier de pouvoir présenter son peuple…

« Notre cité est ainsi faite, chaque homme conserve sa voix d'enfant. Nous aimons également beaucoup écrire des contes et chanter, bien que parfois viennent les temps des travaux et de la guerre. Enfance est le nom de notre refuge »

L'intriguant artiste se mit alors à fouiller dans sa poche d'où il sortit une substance étrange qu'il se mit à aspirer.

« C'est ça aussi, l'enfance ? 


_L'inconscience de la destruction monseigneur, l'inconscience qu'on vous ment, le plaisir de l'inconscience Sir…

_L'éducation et les échecs doivent punir ceci.

_Il n'existe pas de punition à Enfance.

_Les enfants n'aiment que la jalousie et la moquerie

_Visitez Enfance, nous vous y accueillons, vous verrez par vous-même »


Mardi 24 juillet 2007 à 15:05


L'enfant mort


  Il était l'utopie, cette image parfaite des livres pour enfants, ayant terrassé des monstres étranges et poursuivi brigands et voleurs. Tout brillait en lui-même, il se sentait bon et puissant en scrutant les passants du haut de son cheval blanc. Pourtant il ne faisait pas parti du moyen âge mais d'une espèce de futur étrange, en quête du passé et de ses mémoires. Pour Hugues du Puy, ce chevalier exemplaire à l'armure néanmoins pourrissante, les antétechnochratiques étaient à l'origine du carnage de l'an deux mille deux cent. Cette organisation était parvenue à réunir des adhérents au paganisme ancien, des mystiques, et toute une kyrielle d'eco-terroristes et d'obscurantistes.

  Personne ici ne se souvenait vraiment de ce qui s'était vraiment passé le jour de « l'ultime rempart de la nature » sinon qu'il y eut des milliers de morts et que les villes furent envahies par les eaux ou par la lave. Les mers étaient enragées, l'iode incrustant son odeur dans chaque partie de la planète, dans chaque foyer d'habitants. Les fameux nouveaux réacteurs nucléaires à fusions cessèrent leur fonctionnement et le monde se retrouva une fois encore dans l'abysse du noir éclairé uniquement par les fébriles lucioles de quelques bougies. Ceux qui avaient leurs propres réserves survécurent et parvinrent à contempler quelques semaines encore l'information télévisée. Iter fut assassiné comme tous les autres réacteurs dans une épouvantable anarchie. Alors l'humanité au fil du temps finit par s'adapter et les petites communautés se regroupèrent en fiefs autour d'un château mécanique qui n'était autre qu'un vestige bricolé des temps médiévaux, une face grise et poussiéreuse animée par des moulins à eau et parfois par quelques machines à vapeur.

  Hugues du Puy était l'un de ces seigneurs mécaniques à l'abri dans un ancien immeuble d'une banque dont l'enseigne avait été effacée. Des antétechnochratiques on n'apprit rien de plus, si ce n'est que leur ultime rempart de la nature avait fonctionné, on n'eut seulement l'impression que rien ne fut prévu par la suite ou que les rêves de société idéale de cette organisation ne parvinrent pas à s'imposer. Les mots « villes » et « pollution » continuèrent à exister ainsi que les religions qui avaient mis fin au règne du paganisme. Cependant au fur et à mesure que les mémoires s'évanouissaient, d'antiques superstitions revinrent ainsi que des codes de conduite depuis longtemps révolus. Hugues du Puy était de ceux là, absolument convaincu de l'existence de monstres et d'entités féeriques. Sa cité était pour lui une chose précieuse enfouie au plus profond de son cœur, une chose à laquelle on tient et que l'on protège. L'anxiété du seigneur du Puy était immense, il lui arrivait souvent de ne pas dormir, son imagination fourbissant d'idées de désastres. Il était le spectateur de l'occupation de sa ville ou du viol de celle-ci, son sentiment de haine et de jalousie envers les choses étrangères s'accentua alors, et il se vit victorieux, hache et arbalète à la main, brandissant la tête de ses ennemis par delà les flammes. Aussi l'individu paraissait parfois ailleurs, austère, occupé à taire ses tracas intérieurs qui tentaient d'envahir son sang. Il fit construire des enceintes, fit planter des arbres fruitiers et ordonna à chaque habitant d'entretenir des fleurs. Les murs, les arbres et les fleurs devinrent alors son symbole de puissance et à leur vue Hugues du Puy se sentait mieux, comme envoûté par l'essence florale qui flottait parfois dans les ruelles. Mais il demeurait persuadé que quelque chose manquait à son épouse, la cité du Puy, mais il ne parvenait pas à comprendre exactement quoi. Peut-être que cette crainte du manque provenait de son imagination et de sa perpétuelle anxiété, de ce trouble étrange qui le prenait au cœur chaque fois qu'il partait en exploration avec quelques autres chevaliers, s'éloignant d'elle. L'idée d'une erreur et d'une différence entre sa ville et lui le mirent dans un état léthargique, son sang se chargeant d'images et de projets et puis il y eut l'incident… Il vit ce petit être, que l'enfance rendait cruel, arracher quelques fleurs et ce geste fut pour lui une remise en cause de son épouse, c'était comme si quelqu'un lui arrachait ses cheveux jusqu'à la racine et jusqu'au sang. Pire encore c'était s'approprier l'essence même de son épouse, de l'arracher à ses propres veines, de s'enfuir avec et d'en rire au nez du mari trompé. Hugues se mit à fixer droit devant lui d'un regard perdu, errant mais empreint de quelque chose de fort et grand, d'un amour démesuré et détraqué , un regard à l'image de son temps, celui des châteaux mécaniques… Et puis il chargea l'enfant, le prit par les cheveux et se mit à les lui arracher en pleine rue, il lui lacéra les tripes et les répandit sur les pavés piétinant ensuite les restes du petit corps sans vie. Il prit les fleurs entre ses mains, se plaça à genoux dans le sang, et il se mit à pleurer, sa chère épouse la Cité qu'il avait tant voulu protéger, on lui avait fait mal et elle souffrait, elle l'appelait à l'aide et lui était arrivé trop tard. Elle ne pouvait que lui susurrer cette peine passée et lui ne pouvait être que spectateur, se rattrapant de ce manque par la terrible Némésis qui l'avait habité en tuant l'auteur de ce mal. C'est alors que son épouse, devant tant de violences, eut peur de son mari. Elle  décida donc de l'emprisonner puis de le faire exiler, en soit elle rompait, c'était terminé et s'il espérait la revoir, la Cité le tuerait et alors, jamais plus il ne pourrait la défendre et la contempler. Hugues du Puy devint célibataire, en vérité il était devenu un exilé, une loi qu'il avait crée lui-même pour éviter d'avoir à tuer ou à tenir une prison qui laissait dans le sein de sa femme le lait croupi de la criminalité. Il se fit appeler Huguesl'Errant et se mit en quête d'un goût, d'un visage, d'une senteur qui quelque part ressemblait à ceux de son ancienne femme. Il se fit pour cela accompagner d'un grand chien, de son cheval blanc et d'un corbeau qui savait dire bonjour.

 

Dimanche 17 juin 2007 à 4:12

L'angoisse , continuité absolu d'une société ou on en demande trop. Je suis parrain d'un enfant qui encore dans le ventre de sa mère fut destiné à "devenir médecin" . Bien sur les bébés sont tous beaux et intelligents et deviendront des adultes beaux et intelligents.
L'angoisse que ses gosses n'aient pas d'avenir remplace celle d'etablir un foyer stable pour les nouveaux parents. Ils payent leurs impots, mais ils angoissent pour leur enfant.
 C'est certes normal, mais la crise d'adolescence ne serait pas aussi dur à supporter pour certains parents s'ils se mettaient dans la tête que leur enfant pourra vivre une vie autant plus belle en plombier plutot qu'en avocat. Le mérite n'est pas aux valeurs, le mérite est une chose qui revient à la fois au travail et à la séduction des supérieurs à l'heure actuelle , aucune utopie chevaleresque ou romantique ne vient s'y opposer si ce n'est un certain équilibre voulu par le système français(que compte remettre en question un certain petit bonhomme soutenu en majorité par notre peuple).

Alors bon : le désir se satisfait t'il de la réalité ? C'est le sujet du bac cette année.

 Bien sur que non, la réalité est merdique, la réalité est l'anxiété de voir ses désirs propres échouer et les désirs des autres pour nous échouer par la même occasion. On se sent redevable envers nous même suite à une note de travers mais aussi redevable à nos proches et dans une plus large mesure à la société . On doit payer pour notre misérable incompétence intellectuelle et notre "manifeste insubordination au travail" Voltaire a gagné la bataille du travail dans Candide et il doit encore bien en rire. Mais nous ne sommes pas tous obligés de se résoudre à épouser une cunégonde devenu laide et accariatre et à entretenir un potager pendant le restant de sa vie. Enfin pas à l'epoque , il est en effet maintenant difficile de partir à l'aventure en choisissant le premier bateau pour les états unies. Tout est connu, il n'y a pas de Far West , plus de nouveau monde.
 Il reste le faux, ce qui n'est pas réel, l'utopie. Alors les livres de "fantasy" et de sciences fictions sont revenus à la mode et le marché de la bd et du manga est en grande hausse. Il en va de même pour le rôlisme et dans une plus large mesure des mmorpg (qui étaient moins fréquentés au départ et qui peuvent pour certains se vanter maintenant de faire jouer des millions de personnes à travers le monde). De moins en moins de personnes font confiances en la réalité pour se satisfaire, quitte à foirer un Cv ou un diplome pour finir de lire son cycle de fantasy préférée ou ne pas manquer une partie de world of warcraft . La plupart de ces personnes réussisent néanmoins à franchir les étapes et parviennent à avoir un emploi qu'ils ne détestent pas mais qu'ils n'affectionnent certainement pas au plus haut point et dans sa globalité . Pour le peu qu'il reste de bien dans la réalité, on se ruine pour un voyage à l'etranger ou on passe un peu de temps en compagnie des arbres et des champs , le temps d'une ballade avec son compagnon ou sa compagne. Enfin tout ceci est une conception personelle et romantique, pour moi seuls les sentiments , la nature et l'histoire narrative (pas en tant que science) sont des choses qui permettent de sortir du monde gris et de la réalité actuelle. Point d'obscurantisme cependant, la compétition a toujours existé dans notre espéce , cependant elle est plus intellectuelle qu'à la pointe de l'épée ce qui n'est pas plus mal. Mais les valeurs n'existent plus, ni les utopies dont on cherche à se rapprocher et ceci peut être depuis les années quatre vingt, il demeure cependant des familles ou l'education apprend encore les valeurs du respect et de la loyauté (certainement pas les familles ou l'on aspire à une carriere politique) .

Continuons donc à vivre, allons dans les musée et dans les forêts ou dans d'autres mondes que le notre. Buvons et mangeons des plats "traditionnels" pour romancer ces époques ou l'on croyait aux esprits et aux dragons, élevons nous l'espace d'un instant dans cet ailleurs si rassurant tout en n'oubliant pas la réalité, les rêveurs sont ceux qui savent éperduemment comment fonctionne la réalité et ne sont parfois pas des "naifs pommés" ils sont volontairement ailleurs pour éviter d'être là. Bien heureusement nous avons encore la liberté de nous évader, notre démocratie le permet encore.

Jolies rêves à tous ceux qui sont passés par là.

Jeudi 17 mai 2007 à 23:11

 Des cris qui se transforment peu à peu en des chants lointain. Des voix féminines qui m'encerclent et me tiraillent chaque soir . Un matin la porte en chêne s'ouvrit en grinçant, au dehors la pluie était fine, douce et légère mais soutenue... Quelques timides rayons de soleil tentaient de percer le gris du ciel tandis qu'au village quelques femmes triaient du poisson.
 Des odeurs, partout, et la mer au loin qui jouait sa mélodie, toujours la même, mais procurant chaque fois un plaisir nouveau.
 Et puis il y avait ce curé, et tous les cadavres qu'on repechaient noyés, le soir. C'etait le diable disaient t'ils, des sirènes qui avaient tué les marins. Celles-ci semblaient avoir élu domicile sur un banc de rochers proche du village.
  Les pêcheurs ne cessaient de prier la vierge de les sauver des créatures enchanteresses, cependant personne ne se déclara volontaire pour les chasser. Le curé nous fit réciter des formules magiques , ils nous fit également jeuner, mais rien n'y fit, les marins continuerent de disparaitre.
 Alors aujourd'hui je me décidais à partir, moi le fils du cordonnier, avec une vieille épée qu'on se transmettait de père en fils, à moitié rouillée et témoignagne d'une ancienne participation à une quelconque guerre locale. Un bandeau également et de quoi me boucher les oreilles pour faire face au périple qui m'attendait, j'y ajoutais enfin quelques provisions et de l'eau au cas ou. La forme grisâtre des nuages se reflétait sur l'eau et la pluie faisait danser les eaux calmes de milles petits cercles.
Après quelques heures à ramer, je trouvais le rocher aux sirènes. J'entendis comme une vibration au loin et c'est alors que je vis les diaboliques poissons entourer ma barque. Je mis mon bandeau autour de mes yeux et je serrai mon épée. Je sentis quelquechose cependant, comme une voix étrange qui m'appelait de l'interieur et je me mis à m'endormir.
 Ma barque a dérivé pendant des heures, je ne sais ou . Jusqu'à une espèce d'endroit étrange, il y avait beaucoup d'arbres immenses et antiques, des ronces également et ceux-ci dessinaient les formes si caractéristiques de l'hiver qui font penser à une espèce d'apocalypse. Je décidais de mettre pied sur l'etrange ilôt, j'avais cependant l'impression d'avoir été transporté par une espèce de diablerie mystique.
Je fis le tour de l'ile en trois jours, je me mis à pêcher du poisson,  l'eau commença rapidement à me manquer malgré les deux gourdes. C'est alors qu'ils sont venus me voir, ces affreuses formes vertes et bleus, les fantômes. Il y avait des vieillards en robe, des jeune femmes dans un accoutremment qui m'etait inconnu mais aussi quelques enfants. J'eus d'horribles cris de frayeurs en les voyant, de plus ils marmonaient tous quelquechose dans leur ancienne langue et semblaient me jeter des espèces de sorts. Cependant il semble que rien ne fonctionnait sur ma personne et au lendemain de ce jour je me décidais à partir avec le peu d'eau qu'il me restait.
 Alors que je m'eloignais de l'île, un étrange souffle parcourait l'île et lui donnait un attrait verdâtre qui se mélait aux rayons du soleil. Je vis alors la masse des fantômes s'assembler et hurler des choses dans leur langue. Et puis y eut comme un noir, ce même noir qu'au début de mon periple et une voix interieure "tu n'as rien compris" quelquechose comme ça... Je m'endormais .
 Et lorsque je revins à moi, mon village n'etait plus là, à la place il y avait une étendu naturelle et juste une vieille hutte au bord de la mer. Je me mis à entendre de nouveau des espèces de chants, et je me mis bien vite à enfiler mon bandeau et à prendre mon épee en main, me levant et en faisant des moulinets. Cependant le chant se transforma en de multiples rires qui s'ettouferent ensuite.
 Je retirai mon bandage et je ramais vers la plage ou j'y déposais ma barque. J'entrepris alors d'aller visiter la hutte. J'y frappai. Un homme d'une cinquantaine d'année me répondit et m'examina longuement avant de se mettre à pester dans une langue que je ne compris pas. Il se mit alors à parler dans une langue que je connaissais un peu, elle ressemblait à celle du prêtre lorsqu'il faisait la messe parfois. Du latin, ça devait être ça. Enfin je me contentais d'hocher la tête bêtement et se qu'il trouva le plus approprié à ce moment là, c'est de me mettre un gros coup de bâton.
 Je m'evanouissais ...
 
 

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