Vendredi 19 décembre 2014 à 0:27

 Le serveur m'observait d'un air étrange, comme si je venais d'ailleurs. Soit : j'étais seul parmi les odeurs de ce restaurant Japonais. Seul et prenant de ces airs pensifs à la manière d'un Rodin douteux. Mon regard errait ça et là parmi les murs et les décorations de l'endroit, cherchant à fixer quelques éléments d'intérêt, sans succès.

 

 Peu à peu, les silhouettes flouées des clients entraient à pas feutrés. Ceux-ci semblaient ralentir un instant dans leur empressement, comme si l'endroit fut un quelconque sanctuaire. Enfin, les silhouettes devinrent formes et visages et l'attroupement successif finit par s'installer. Des discussions, lentement émanèrent. Je tentais d'en capter quelques bribes, saisissant quelques expressions ridicules de la société :

 

"I'm surprised, tu aimes bien le Japonais" Dit une trentenaire blonde qui devait probablement sentir le parfum bon marché à des lieux à la ronde.

 

Devant moi, un couple de cinquantenaire parlaient design et entreprise. Lui, vieux costume vert d'un goût douteux, lunettes passées, crâne dégarni, avec une expression de sérénité du type qui ne craint pas pour son boulot. Elle , blonde du genre "chic à la moderne" avec quelques manières amusantes et une façon personnalisée de tenir ses baguettes.

 

Tout ce petit monde n'était pourtant pas soumis à un espèce de ravissement extatique, oui car j'étais bien là, moi aussi, avec mon carnet, en les regardant du coin de l'œil. Tandis que certains me remarquaient et semblaient détester me voir peindre ainsi l'endroit d'un peu de sentiment de lassitude.

 

Les serveurs ne souriaient jamais, et parfois regardaient ce que vous faisiez. Si vous leur lanciez une invitation amicale à un regard autre que celui condescendant qu'ils adoptaient, ils n'y répondaient pas. Seule la serveuse avait constamment le sourire aux lèvres.

 

 

 En réalité, je me décevais moi même de ma présence en ces lieux. Seule la perception du goût faisait pénétrer en un autre monde. Du moins en une infime essence, dans la délicate sensation agréable du palais. Les visages des clients rappelaient cependant sans cesse que nous n'étions qu'en France, dans la ville de Lille, dans le département du nord, au fameux restaurant Akira...

 

 Malgré tout l'exotisme que chacun recherchait, il n'y avait là que de la poudre aux yeux . Le personnel était Chinois, et seule le cuisinier, formé au Japon, avait le mérite d'apporter un peu de vérité dans ce rêve d'ailleurs gastronomique.

 

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