Mardi 14 octobre 2008 à 22:48

 







 J'me souviens John, on allait souvent dans ce bistrot, le 300 miles. Le genre de bar miteux qui surgit au beau milieu du désert et qui fait bander la plupart des "trucker" par la qualité de ses gros steaks et de ses frites bien grasses.

 Mais le 300 miles était mieux que ça, j'me souviens quand on entrait. T'avais les murs jaunis et dégueulasses, ça puait la clope et la sueur, mais aussi la mauvaise bouffe de Jenny et Candy.

 Ouais, c'était les deux lesbiennes qui tenaient ce bar, z'avaient les seins refaits puis de grosses lèvres plein de rouge à lèvres pas cher. Mais c'était nos princesses. Sur le fronton du bar, on voyait deux nanas avec des chapeaux de cowboy, fumant une clope dos à dos, c'était ça le 300 miles.

 On pouvait boire une bière fraîche peinard. Entre les bikers, les routiers, les touristes et les types trop normaux pour être là. Y'avait un vieux juke box qui crachait du vieux rock sudiste ou des trucs country passés de mode, un billard avec un tapis dégueulasse.

 Ouep mon vieux John, c'était le paradis du mécano. Le 300 miles, on s'y amenait avec nos énormes vielles carlingues, volant en moumoute, et figurines d'animaux en voie de disparition sur le rétro central.

 Et c'est là que t'as fait la connerie de tomber amoureux de ces deux filles qui géraient c'te bar. Tu te la jouais cow boy, genre inspecteur harry. D'ailleurs c'est pour ça que t'avais acheté ce putain de flingue et que tu lisais ces poèmes japonais aux nanas , en pensant qu'elles trouveraient ça esthétique.

 Serieusement, t'ont t'elles déjà sourit une seul fois ? à part quand tu mettais 20 $ dans leur décolleté ?

 Bon dieu John si tu pouvais m'entendre de là ou t'es ! T'es ptet avec le chien d'Hitler ? ou ptet bien avec Lénine ? ou entrain de jouer au bowling avec Abraham Lincoln ?

Lundi 8 septembre 2008 à 11:56

 

Mademoiselle,

 Je ne sais pourquoi je vous écrit en ce jour d'automne. Il est possible que le climat, un air de piano, ma respiration altérée par quelques vapeurs de nicotine, puisse me motiver à ce choix.

 J'aurai aimé, mademoiselle, vous conter ici ma vie, vous montrer avec sincérité à quoi je passe mes jours et ou mon esprit vaque. Mais vous savez, comme moi que cela n'aurait absolument aucun intérêt.

 Ma vie , mademoiselle, n'est faites que de répétitions grotesques et de choses sans but. J'ai l'impression que chacun de mes gestes ne n'amènera rien de bon. Il ne me reste que le mensonge, les rêves, l'écriture et la lecture, ces choses là me paraissent bien utiles et bien réelles mademoiselle.

 Aussi, signez un pacte avec moi, je ne tiens pas non plus à connaître votre existence, qui est probablement aussi ridicule et sans intérêt que la mienne. Parlez moi de votre enfance, parlez moi de vous mais mentez, mentez sur chacune de vos aventures.

 Emmenez moi sur les cimes de l'himalaya, dans un Fjord, à la terrasse d'un café, dans un souk empli d'odeur. Mais surtout, évitez les campus, les villes et considérez que les rues sont vides, que les voitures et les métros n'existent pas.

 Que vos balades en forêt soient inspirées par la crainte, que votre plume tremble lorsque vous me raconterez que vous avez croisé un faune.

Demeurez Païenne, obscurantiste, passéiste. Chassez le vide, distribuez moi des sensations et conservez votre sobriété pour entretenir la courtoisie de nos échanges épistolaires.

Maintenant que tout ceci fut dit, Mademoiselle, je patienterai votre réponse, j'attendrai vos mots et vos aventures avant de vous décrire les miennes.

 Recevez ma tendresse ainsi que ma considération. Les rêves disent parfois bien plus qu'un récit.

 A.

Dimanche 27 juillet 2008 à 16:40

 


T'avais la tête d'un gars qui se rase pas John, la tête d'un type qui sort tout droit d'un bistrot miteux en s'demandant s'il a encore une femme et des gosses qui l'attendent.

 J'aimai bien ton odeur poivré, mon vieux John, le morceau de peau jaunâtre durci de tes doigts de fumeur de roulées à bas prix. T'avais une vieille ceinture et un t-shirt de Neil Young John, j'men souviens encore, t'avais les cheveux longs et gras qui descendaient au dos de tes vestes en jean's bleus. Ton vieux revolver avait jamais servi John, ouais, il n'avait jamais servi à tirer sur l'éventuel tas de bières empilées devant ta place au comptoir.

 T'avais jamais eu d'autres drogues que cette bière, ces putains de roulées et cette putain de musique country d'un gars que t'avais jamais pu voir en concert John.

T'es pas mort con John, tu savais réparer des vieilles bagnoles qui consomment trop et tout un tas de babioles automobiles des années soixante dix . Tu savais jouer de l'harmonica et tu lisais des poèmes japonais. Même si tu comprenais rien John, même si tu comprenais rien, c'était bien John, c'était le peu de poésie qu'il te restait.

Quand t'avais du cafard, tu te laissais tomber sur le sol du Colorado, étendu de cactus et de routes désertes, puis t'écoutais le cri d'un coyote en regardant le ciel, puis l'horizon John. Et tu pensais parfois à ces foutus poèmes Japonais, puis tu te voyais marcher sur une allée bordée de cerisiers en fleurs, avec ta roulée, ton harmonica et ta ch'mise en jean.

Et puis un jour John, un jour, toi pauvre mec paumé, pauvre tocard sans histoire, t'as sorti ton flingue, et t'as tiré sur Harry, un type du bar ou tu buvais.

Depuis John, j'sais plus ou t'es . J'sais pas pourquoi t'as fait ça, personne à jamais su pourquoi t'avais fait ça, pourquoi t'as du finir le cerveau cramé par cette foutu chaise . Mais j'espère John, que quelque part, t'es près d'un foutu cerisier en fleurs et que les chiottes sont propres, là haut...

Mais un jour John, j'apprendrai pourquoi t'as buté ce mec.

Vendredi 20 juin 2008 à 0:23




Soldat, noir soldat, combattant de l'éternel nuit, ami de dame nicotine et de la douce et jolie obscurité nocturne. Chevalier noir, soldat de l'esprit, promeneur des forêts, cœur orgueilleux et capricieux, ton changeant entre délicat et passionné. Etre rongé par le doute et par les cauchemars. Mon histoire n'est contée que par un vieillard, ma musique n'est celle que de trois instruments. La voix lointaine qui sifflote un air qui se perd dans les vents, une guitare qui n'a que trois cordes, et quelques grincements. Agité, dénué de sens, sans cesse malmené par l'ennui, grisé, amputé de volonté. Ame nostalgique et dépassée, esprit primaire et fermé,. J'invective le noblesse d'esprit, droiture et dénie des valeurs monétaires banquier et l'assureur, je leur dis « qu'ils sont mensonges et pourritures, qu'ils sont vices et clowns, qu'ils sont le riche crique de ce monde merdique ». Je soupire car rien jamais ne sera changé, je me ris à l'idée de voir un ivrogne monétaire appelé « trader » engendrer le suicide rituel de sa banque morte vivante qui sous la fée argent finit par ne pas tomber finalement dans la tombe. Je suis un enfant qui pollue l'atmosphère, je suis un assassin et un tueur parce que mon amie s'appelle nicotine. Il y a des gens là haut qui veulent la raccompagner à la frontière dans un avion, des gens là haut, des technocrates.

Les chevaliers tombent et les anges crèvent, mais on annonce que la société sera une civilisation. Civilisation du robot, de la caméra, du fer et de l'acier, civilisation du chimique, de l'espionnage, civilisation de la monnaie de carton, civilisation de rien. La télévision vocifère les restes d'une agora en ruine, envahie par la mousse, la démocratie et la fraternité chancelante sous l'amas des détritus alimentaires estampillés « made in china ».

Lundi 19 mai 2008 à 12:32



 Une grande clameur se fit entendre dans le ciel, suivit de bruits intoxiquant l'air. Vint ensuite des odeurs décrépites, et l'image de ces milliers de serviteurs du dieu bruit, tous aussi sales les uns que les autres, certains enfourchant des véhicules de l'âge nucléaire, d'autres chargeant à pied. Le brouhaha relevait d'un enfer musical, une symphonie contemporaine d'antiaccords mêlés au rythme cyclique de la cathédrale musicale que tiraient au loin les esclaves, perçant la brume ambiante de sa silhouette orgueilleuse.
 Nicotine et Hugues tentèrent en vain de convaincre le barde et ses troupes d'établir des fossés et un camp et d'attendre la nuit pour agir. Ce dernier représentait le gouvernement, tandis que les capitaines des brigades adolescentes ordonnaient le reste des troupes. Ceux-ci étaient un ensemble de jeunes personnes de quatorze à vingt ans, né dans la violence et l'égoïsme de la dictature de l'enfance, certains virent leurs parents mourir sous leurs yeux, d'autres s'amusaient à tuer des animaux ou à les mutiler, tandis que d'autres encore vivait un inceste avec quelques unes de leurs propre sœurs. Malgré tout ceci, l'ensemble des brigades adolescentes formait une armée digne d'un roman de chevalerie ancien, leurs armures clinquantes émettant quelques reflets grisés lorsque le soleil voulait bien pointer son nez quelques instants et éclairer le paysage dévasté de cette terre qui n'était plus qu'un amas de ruines radioactives. Chacun d'eux portait un immense bouclier et une épée, sur certaines armures étaient gravés des formes évoquant des sucreries et chaque escouade portait le nom des confiseries de la cité. Les capitaines étaient les uniques personnes à pouvoir porter des armes de l'âge nucléaire, la plupart n'avaient cependant que de gros pistolets avec très peu de cartouches, ou des fusils dans un état lamentable.
Les serviteurs du dieu bruit quant à eux, étaient bardés de bandoulières pleine de douilles, de grenades et d'explosifs maisons, ainsi qui diverses canifs et machettes en accord avec leur style vestimentaire. Peu d'entre eux portaient une armure, et ils n'avaient absolument aucune formation, ils étaient similaire à une meute de loups affamés et touchés par la rage.
 Quant à Hugues et Nicotine, ils furent déployés avec le barde, dans l'escadron central, se préparant à recevoir les premiers chocs.
La mort chantait doucement le début d'un funèbre requiem, tandis qu'au loin des mouettes aux ailes fanées tournaient dans le ciel, prêtes à prendre part au délicieux festin de chair et de sang qui s'annonçait.

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