Lundi 8 septembre 2008 à 11:56

 

Mademoiselle,

 Je ne sais pourquoi je vous écrit en ce jour d'automne. Il est possible que le climat, un air de piano, ma respiration altérée par quelques vapeurs de nicotine, puisse me motiver à ce choix.

 J'aurai aimé, mademoiselle, vous conter ici ma vie, vous montrer avec sincérité à quoi je passe mes jours et ou mon esprit vaque. Mais vous savez, comme moi que cela n'aurait absolument aucun intérêt.

 Ma vie , mademoiselle, n'est faites que de répétitions grotesques et de choses sans but. J'ai l'impression que chacun de mes gestes ne n'amènera rien de bon. Il ne me reste que le mensonge, les rêves, l'écriture et la lecture, ces choses là me paraissent bien utiles et bien réelles mademoiselle.

 Aussi, signez un pacte avec moi, je ne tiens pas non plus à connaître votre existence, qui est probablement aussi ridicule et sans intérêt que la mienne. Parlez moi de votre enfance, parlez moi de vous mais mentez, mentez sur chacune de vos aventures.

 Emmenez moi sur les cimes de l'himalaya, dans un Fjord, à la terrasse d'un café, dans un souk empli d'odeur. Mais surtout, évitez les campus, les villes et considérez que les rues sont vides, que les voitures et les métros n'existent pas.

 Que vos balades en forêt soient inspirées par la crainte, que votre plume tremble lorsque vous me raconterez que vous avez croisé un faune.

Demeurez Païenne, obscurantiste, passéiste. Chassez le vide, distribuez moi des sensations et conservez votre sobriété pour entretenir la courtoisie de nos échanges épistolaires.

Maintenant que tout ceci fut dit, Mademoiselle, je patienterai votre réponse, j'attendrai vos mots et vos aventures avant de vous décrire les miennes.

 Recevez ma tendresse ainsi que ma considération. Les rêves disent parfois bien plus qu'un récit.

 A.

Par Lune le Mercredi 10 septembre 2008 à 1:22
Monsieur,

Il y a fort longtemps que je recevais d'un songe, cet appel de vous. Bien avant que vous prissiez la plume, bien avant que ne chantent vos mots, bien avant qu'ils ne touchent mon âme. Bien avant vous, en somme.

L'echo de cet appel s'est à peine estompé qu'il resurgit soudain, quelque part au profond d'un souvenir, d'un rêve, d'une image.

Existez vous seulement? Existè-je moi même? Cela a t il une importance?

Timidement mes pas se dessinent sur un incertain chemin, s'effaçant sitôt leur empreinte marquant le sol. car je suis ce que vous souhaitez, une page vierge, sans passé, sans avenir et sans autre présent que l'attention que vous lui consacrez. Un songe qui s'évapore à la cruelle lumière de la réalité. Un mensonge de plus, dont l'existence ne s'enracine que dans l'energie que vous dépensez à y croire.

Fermez les yeux un instant, un siècle, une éternité ou deux. Redessinez cette réalité où nous existerons et nous plongerons. Laissez vous porter par tout ce qui exaltera vos sens, votre sensibilité. D'un effleurement ou d'une caresse de l'âme comme un aveugle laissez vous conduire. Flottez, flottez toujours. La pesanteur n'est faite que pour nous priver du sublime. Débarassez vous de ce lourd manteau qui vous retient ici.

Je vous tends une main. Ne la saisissez pas si l'écho qui m'est parvenu était destiné à une autre. Car il en est et en sera, tant et plus encore, des demoiselles que charmeront vos mots dispersés aux vents.
Par Lune le Mercredi 10 septembre 2008 à 1:23
Par Naylline le Mercredi 10 septembre 2008 à 10:57
très cher A,

Je vous offre les mille maux, mille souffrances que ma plume puise en mon sang. Je n'ai plus d'encre depuis longtemps, mon livre l'a toute bu, amant impatient et insatiable. J'ai été obligée de gratter ces taches séchées sur mes doigts et ma main et mon corps, revêche pourtant à m'offrir plus que le nécessaire, s'est pliée de bonne grâce, m'offrant une belle encore rouge, fluide et délicate. Me voici donc en mesure de répondre à votre tendre prose.

Les petites créatures veillent dans les chemins escarpés de la colline sur laquelle est posée la masure qui m'abrite. Elles sont là, sournoises et viles, attendant que je glisse dans ma course pour se jeter sur moi et me dévorer. Sombres petites créatures...

La solitude ne me pèse pas. Elle est le gage du profond silence qui m'est nécessaire pour ne pas entendre les hurlements de bêtes qui résonnent à la nuit tombante. J'entends les grondements sourds de leur crocs acérés. Je vois leurs haleines fétides se répandre sur les vitres embuées de mon abri.
Demain... Demain il fera jour.

Serez-vous de ces petites créatures, avides de me déchirer le corps, de me dévorer l'âme, ou bien votre tendresse se fera moins sauvages et ce seront vos caresses qui glisseront sur les voiles déchirés de mon coeur.

Mais la nuit tisse lentement son voile étoilée. Le jour, traitre et couard, se retire en sa lointaine cachette. J'entends déjà le souffle court des petites créatures, j'entends le frottement tenu des petits pas sur le tapis du salon.
Je retiens mon souffle. Attaqueront-elles cette nuit ?

Je voudrais crier... mais personne ne m'entendrait. Je suis seule. Il le fallait, car personne ne pourrait survivre à ma folie.

Non... personne.

Bien à vous,
Naylline.
 

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