Lundi 18 décembre 2006 à 13:58

Chapitre II :

La froide matinée

 

  C'est à l'âge de douze ans que ma forme corporelle devint meilleure, j'étais déjà le fantôme de l'intérieur petit à petit mais les événements qui furent la cause de ma métamorphose complète n'étaient pas encorearrivés. C'était le temps du collège, le temps des vices les plus grands et des hontes de ceux qui n'étaient ni des adultes, ni des adolescents, ni des enfants. Les collégiens sont des êtres tout à fait égoïstes et mesquins, ils se chamaillent pour des raisons bénignes, apprennent du Baudelaire en ne se rendant pas compte de sa force. Les collégiens écoutent peu de musique,  ne lisent pas et dépensent leur argent dans des marques de vêtements sans élégance qui sont insipides. Pourtant ces vêtements sont arborés avec fierté, ils sont chers et font l'identité dans cette cour de récréation qui n'est qu'un champ de bataille du pathétique. Au collège il existe des classes de niveau, les professeurs mentent toujours lorsqu'ils affirment que ce n'est pas vrai, en général les options débiles comme les classes sportives ou le latin permettent de créer ces classes d'un bon niveau général . Au collège si vous faites latin et allemand ce n'est pas parce que vous aimez Goethe et que vous vous passionnez pour l'histoire Romaine, non c'est un choix des parents en général pour vous mettre à la bonne place. J'étais fantôme, et pourtant ma réputation du collège était basse : je me sentais incroyablement faible pendant toute cette période, j'étais puéril et tout le monde me jugeait par mon apparence excepté quelques bons amis. Des moqueries, beaucoup de moqueries en ce temps là, quelques bagarres, des repas manqués, des jours et des jours à ne manger que le pain à la cantine … Des heures et des heures de cours interminables, avec des tas de matières que nous n'aimions pas, des devoirs beaucoup de devoirs et des cartables surchargés autant que les emplois du temps. Le collégien est le petit soldat de la République, on lui apprend les bases du savoir dans un établissement immense chargé de surveillants et Cpe hystériques , un lieu ou l'on cumule les horaires, les charges et les insultes, le collège est une horreur humaine. Le collège fut l'endroit ou mon cœur perdit de ses avantages, la machine gagnait du terrain et tout cela devenait de plus en plus difficile à contrôler, au loin les tambours résonnaient ceux du désordre complet ! Et puis je rencontrai cette mauvaise personne, cette ennemie, cette araignée affreuse, et je tombais amoureux…

  Sur les cendres de mes combats au collège j'apercevais une jeune fille, une espèce de demoiselle du moyen âge. De mon statut de grenouille repoussante je lui parlais, et mon cœur se mit à regagner la bataille sur la machine, mais ce cœur battait étrangement et cette passion qu'il avait agrandissait mon ombre. Peu de personnes avaient vraiment remarqué cette ombre plus grande que la normale et ses cheveux qui n'étaient plus si courts qu'avant. Mes cheveux poussaient au fur et à mesure que mes sentiments se cristallisaient, je devenais autre ! Des cendres de ce collège je renaissais, j'entrais en seconde , dernière marche à franchir vers l'accomplissement du moi meilleur plus grand, plus fort et vengeur sur chacune des cohortes de mauvaises personnes me raillant pendant toutes ces années .

 

  Devenir autre et meilleur grâce à un amour, c'est une chose que Werther n'aurait pas cru, il n'aurait pas pu penser que la souffrance amoureuse vous rend meilleur. La tyrannie de cette jeune fille dura plusieurs année, je finis par le lui dire en fantôme que j'étais amoureux d'elle et naturellement elle refusa, cela accéléra ma métamorphose, je devenais plus qu'un simple humain moderne qui oublie ses sentiments et qui émet des sourires débiles lorsque l'on vient lui parler de romantisme, je n'étais donc pas un de ces idiots grâce à ma volonté spectrale. Pourtant cette demoiselle devint une amie après plusieurs manipulations de mon cru, je gardais donc contact avec cette machine à torturer mon cœur, cette chose qui me déséquilibrait totalement. Elle était finalement tout à fait différente de moi mais je ne le compris que bien trop tard. Or donc cette souffrance que je ressentais en moi donnait à mon cœur une puissance bien trop impressionnante et si je ne faisais rien pour la détruire alors je devins déréglé, oui j'étais déréglé malgré ma force habituelle à encaisser chaque chose de la vie par ma nature de fantôme. Le onze septembre ne m'avait rien fait, aucun ressenti, aucune peur particulière, comme chaque meurtre à la Tv, comme chacune des choses affreuses que l'on voyait chaque jour , chaque année et chaque minute . Non il y avait seulement cette souffrance amoureuse et ces larmes inexpliquées le soir. Alors je me mis à écrire, pour la première fois de ma vie j'écrivais avec le plus d'exactitude possible ce que je ressentais, oui j'écrivais ! Moi qui n'était encore qu'un pathétique humain puéril aux cheveux longs dans ce pauvre lycée. Et alors se fut ma renaissance, je revivais dans une sphère noire et blanche et j'inventais ma propre mélancolie. Je relisais Baudelaire, j'achetais de la musique et des livres, j'existais enfin pour moi-même et qui sait peut être existerai je un peu pour les autres malgré mon statut de fantôme. Mon apparence changeait et je m'approchais déjà de ce que je suis devenu aujourd'hui. La littérature, la douceur, les mélodies, le chagrin, ils me formaient à devenir le vrai moi, un personnage que j'aimai en me regardant dans la glace quelque soit son avenir. Car à présent j'étais libre, libre et non plus soumis aux normes des marques et aux railleries des autres, le savoir m'attirait pour avoir davantage d'intérêt sur les autres et pour acquérir un laconisme efficace. J'apprenais que malgré mes souffrances à cause de l'amour humain, le monde des hommes lui était merveilleux, coloré, magnifique.

 Les lycées sont de véritables lieux ou s'opèrent des renaissances chez l'être humain, ils sont un peu plus chargés de curiosité et d'intelligence et les railleries sont moindres en son enceinte bien qu'il présente encore des caractéristiques similaires à l'enfer. C'est lorsqu'il est donné à l'humain de choisir sa voie que cet établissement prend véritablement intérêt, lorsque le petite être choisit pour la première fois son avenir dans ce système impitoyable qu'est celui des humains sans contrôle, celui des hommes machines avalant sans cesse des actions et des pourcentages pour satisfaire leurs cœurs entièrement pourris. Je fis mon choix d'humain et j'eu mon baccalauréat. Mais un jour, alors que je rentrais de l'université ma métamorphose se fit…

Par c-est-comme-ca le Dimanche 24 décembre 2006 à 16:24
Si ce texte n'était pas écrit au masculin j'aurais pu croire que c'était ma vie. "Strummin' my pain whith his fingers, singing my life with his words..."
 

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